Qu'est ce qui permet à certaines personnes de résister à l'échec?
Louanges à Allah
Cher auteur de la question,
Le terme «échec»est suffisamment répugnant pour qu'on s'évertue à réussir sans tenir compte du gain matériel résultant de la réussite. L'échec implique insuffisance et défauts alors que le succès entraîne perfection et éloges:
«Je n'ai jamais vu un défaut aussi grave
Que l'imperfection des gens capables de se perfectionner»
Le succès et l'insuccès constituent une dualité puisqu’ils s'imbriquent et s'excluent en même temps. Ceci semble contradictoire à prime à bord, mais il renvoie à une réalité cohérente aussi bien sur le plan historique qu'au vu de l'expérience vécue. Cependant chacun des deux (succès et insuccès) possède des déterminants qui permettent de connaître les motifs qui nous font progresser ou reculer dans un sens ou dans l'autre.
Le succès s'inscrit dans l'ordre (normal) de l'univers. Et Allah Très Haut veut qu'il soit une fin pour tout croyant. Car il a créé l'univers tel qu'on puisse y réaliser cette fin. Allah le Transcendant adonné à l'homme l'ordre d'adhérer à la foi et lui a demandé d'accepter la servitude à laquelle il ne peut pas se soustraire. Et il a fait de cette servitude la finalité de la création, quand Il dit: «Je n'ai créé les djinns et les hommes que pour qu'ils M'adorent » (Coran, 51: 56)
Allah Transcendant considère que la vraie réussite consiste à s'engager dans le chemin ainsi tracé, et qu’échouer c'est agir autrement: «Quiconque donc est écarté du Feu et introduit au Paradis, a certes réussi.» (Coran, 3:185)
Aussi la réussite est elle liée à l'histoire de la vie. C'est la finalité de la création de cet univers. Et les messagers n'ont été envoyés et les livres révélés que pour inciter les gens à réaliser le vrai succès auprès d'Allah le Transcendant. Allah le Transcendant a mis à la disposition des hommes des facteurs incitatifs susceptibles de permettre de réussir ici bas et dans l'au-delà et de bien orienter ceux qui veulent cheminer vers Lui. C'est dans cette optique qu'Il a :
- inscrit des bienfaits éternels au profit de celui qui a subi avec succès l'épreuve portant sur la foi et la servitude et les a vécus jusqu'à la mort: «Quant à celui à qui on aura remis le Livre en sa main droite, il dira: «Tenez! Lisez mon livre. J'étais sûr d'y trouver mon compte.» Il jouira d'une vie agréable: dans un Jardin haut placé dont les fruits sont à portée de la main. «Mangez et buvez agréablement pour ce que vous avez avancé dans les jours passés.» (Coran, 69: 19-24)
- décrit dans le Coran l'état de ceux qui ont refusé d'emprunter le chemin du succès et persisté dans l'égarement et l'échec, tel qu'il apparaîtra le jour où l'on affichera les résultats et l'on connaîtra qui a réussi et qui a échoué: «.Quant à celui à qui on aura remis le Livre en sa main gauche, il dira: «Hélas pour moi! J'aurai souhaité qu'on ne m'ait pas remis mon livre, et ne pas avoir connu mon compte... Hélas, comme j'aurai souhaité que (ma première mort) fût la définitive. Ma fortune ne m'a servi à rien. Mon autorité est anéantie et m'a quitté!» (Coran, 69:25-29)
- inscrit une heureuse vie ici bas au profit de celui qui s'engage dans la voie du succès à propos duquel le Puissant et Majestueux dit : «Quiconque, mâle ou femelle, fait une bonne œuvre tout en étant croyant, Nous lui ferons vivre une bonne vie. Et Nous les récompenserons certes, en fonction des meilleures de leurs actions.» (Coran, 16:97)
Ibn Kathir (puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit : « C'est une promesse de accorder une heureuse vie ici bas faite par Allah Très Haut à celui qui accomplit de bonnes œuvres».Une telle vie comporte toutes sortes de conforts. Ibn Abbas et un groupe (d'ulémas) soutiennent que «heureuse vie» signifie subsistance licite. Ali ibn Abi Talib (P.A.a) lui, soutient qu'elle signifie «se satisfaire de ce que l'on a» .Ali ibn Abi Talha rapporte encore d'Ibn Abbas qu'elle signifie : «bonheur».Ce qui est juste, c'est que la vie heureuse renferme tout cela.»Voir Tafsir al-quaan aladhim, 4/601.
Voilà la voie dans laquelle le musulman situe sa vie et lui donne un sens. Celui qui part à partir de cette base ne peut pas ne pas se diriger vers le succès et l'excellence dans ses affaires religieuse et profanes. En effet, le croyant sait qu'il a le devoir de rétablir la vérité et la justice ici bas, compte tenu de la parole du Très Haut: «Nous avons effectivement envoyé Nos Messagers avec des preuves évidentes, et fait descendre avec eux le Livre et la balance, afin que les gens établissent la justice » (Coran, 57:25). Le succès individuel est une partie intégrante du succès de la Communauté en matière de réalisation de la justice et de l'équité. Le croyant entend la parole du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) qui dit: « Certes, Allah aime que l'on fasse correctement son travail.» (rapporté par Abou Yaalaa,7/349 et jugé bon par al-Albani dans as-silsila as-sahiha,1113 grâce aux versions qui le corroborent.
Tous ces facteurs incitent le croyant à s'efforcer d'atteindre le succès le plus parfait. Car il s'évertue constamment à développer ses aptitudes et à acquérir des capacités utiles et à s'améliorer dans les domaines culturel, social et économique, sachant que l'agent qui réussit est meilleur que le désoeuvré paresseux qui ne tire de sa paresse que la perte dans la vie religieuse comme dans la vie profane.
D'après Abou Hourayra (P.A.a) le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit: « Le croyant fort est meilleur et plus aimé d'Allah que le croyant faible, même si tous les deux sont bons. Cherche laborieusement tout ce qui te profite et sollicite l'assistance d'Allah et ne reste pas impuissant. Si un mal t'atteint, ne dis pas: si j'avais fait ceci et cela, mais dis plutôt : «Allah a décrété ce qu'Il a voulu (réaliser) Car «si» ouvre la porte à Satan.» (Rapporté par Mouslim, 2664)
Ibn al-Qayim (puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) dit : «ce noble hadith renferme quelques grands principes de la foi, à savoir que le bonheur de l'homme réside dans la recherche acharnée de ce qui lui profite ici bas et dans l'au-delà. L'acharnement dans l'effort consiste à s'y livrer à fond. Puisque l'acharnement humain dans la recherche et l'action dépend de l'assistance et de la volonté divines, Allah a donné à l'homme l'ordre de solliciter Son assistance pour accéder à la double station appelée: « C'est Toi que nous adorons et c'est à Toi que nous demandons l'assistance.» La recherche soutenue de ce qui nous profite est un acte cultuel qui ne peut être mené à bien sans l'assistance divine. Voilà pourquoi l'ordre est donné à l'homme de solliciter Son assistance tout en L'adorant. Puis il dit: « Ne reste pas impuissant» L'impuissance est incompatible avec l'acharnement dans la recherche de ce qui nous profite et avec la sollicitation de l'assistance divine. Celui qui se livre à une recherche soutenue de ce qui lui profite, celui qui sollicite l'assistance divine est tout sauf impuissant. C'est une orientation de l'homme vers le plus important moyen permettant la réalisation de ce qui est décrété par Allah avant que le décret ne soit connu de l'homme. Ce moyen n'est rien d'autre que l'effort soutenu doublé d'une demande de l'assistance de Celui qui tient les choses en main et qui est à la fois la source et l'ultime destination.
Si le fidèle rate ce qui ne lui est pas décrété, il se retrouve devant deux cas: celui marqué par l'impuissance qui constitue la clé de l'œuvre satanique et inspire l'usage de «si» qui est inutile ici. Pire, il conduit à la lamentation, à la panique, à la réprobation, au remord et à la tristesse. Choses qui résultent de l'œuvre satanique. C'est pourquoi le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) interdit au fidèle de débuter ses propos par «si» et lui a donné l'ordre, à propos du deuxième cas, de tenir compte du décret divin et de s'y référer, sachant que si quelque chose lui est décrété, personne ne peut l'en priver. Voilà le sens de ses propos: « si tu rates une chose, ne dis pas : si j'avais fait ceci et cela, mais dis: «Allah a décrété ce qu'Il a voulu faire.» Aussi l'a-t-il orienté vers ce qui lui est utile dans les deux cas: le cas où il obtient ce qu'il veut et le cas où il n'y parvient pas. C'est pourquoi ce hadith reste toujours une référence indispensable pour le fidèle.» Shifa al-ghalil, 37-38.
Cette façon de penser permet de franchir tout obstacle et d'éviter l'échec. Rien n'est impossible à celui qui l'adopte, ses ambitions n'ayant pas de limites et sa détermination ferme. En outre, il sait que n'échoue que celui qui entreprend; seul l'homme actif échoue. Et le désoeuvré ne peut ni réussir ni échouer. L'effort apportera ses fruits un jour ou l'autre. C'est pourquoi on doit surmonter l'échec pour avancer résolument vers le succès en prêtant attention aux sources de perturbation et en essayant d'y palier. C'est ainsi qu'on devient plus fort et plus solide qu'avant et persévère jusqu'au succès.
La porte du repentir ouverte par Allah Très Haut au profit de ceux qui commettent des fautes et échouent ne sert qu'à inciter l'homme à surmonter l'échec et gravir les échelons du succès. C'est surtout le cas quand on sait tirer les leçons de ses expériences. C'est ce qui fit dire à des ancêtres pieux: « un acte de désobéissance qui inspire une profonde humilité (devant Allah) est meilleur qu'un acte d'obéissance qui inspire orgueil et surestime de soi.»
Enfin, toutes ces incitations et ces motivations qui poussent vers la réussite et le dépassement de l'échec ne laissent aucune excuse à un désœuvré, paresseux et désespéré. Car la voie est facilitée. L'on ne vous demande qu'une dose de détermination, de volonté et de sagesse.
Le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : «Tous les membres de ma communauté entreront au paradis sauf celui qui refusera d'y entrer.» (Rapporté par al-Boukhari, 7280) Voir la réponse donnée à la question n°
22704.
Allah le sait mieux.